Jenda Custom Arts: une histoire en bois et en musique!
Daniel Mathieu a de multiples cordes à son arc, c’est le cas de le dire. Extrêmement polyvalent et érudit, il ne cesse d’approfondir ses connaissances dans l’univers musical qu’il transmet également avec passion.
Daniel Mathieu nous reçoit dans son atelier tenu secret, à l’arrière d’une petite ruelle, dans le bourg des Abymes. Il y reçoit avec grand plaisir tous ceux qui désirent lui rendre visite.
Fils de menuisier-charpentier, il est plongé dans la chaleur du matériau bois depuis petit. Egalement baigné par le gospel dans les églises évangéliques où vont ses parents. C’est d’ailleurs sa maman qui lui permet de suivre des cours de musique en cachette dès l’âge de 15 ans. Il apprend la batterie puis la guitare de manière autodidacte.
A 18 ans, il part poursuivre des études de musicologie et de musico-thérapie à Londres où il séjourne durant 5 ans. Il revient avec un Master en médiation culturelle et artistique.
Lui qui est également musicien batteur, il y apprend de nouvelles méthodes rythmiques qui aident les enfants ayant des problèmes de motricité. La méthode d’enseignement Stickin’ Twirling (avec les bâtons de batterie) permet de développer la motricité et la dextérité chez les plus jeunes.
A son retour en Guadeloupe, Daniel désire ardemment enseigner la musique.
Il intègre l’école Promusika en 2007 et y enseigne durant 5 années. En 2012, il devient Médiateur Culturel et Artistique pour l’Alliance Française à l’île de la Grenade. Il y exerce jusqu’en 2015. Depuis 2017, il est toujours professeur de batterie en école de musique notamment à l’Art pour l’Art et également dans le privé.
L’appel du beau bois….
A son retour de la Grenade, Daniel ressent l’appel du bois. Il fréquente l’atelier de son père, situé alors derrière le stade du Gosier. C’est dans cette scierie qu’il fabrique ses premiers instruments de musique : au départ des caisses claires réalisées avec l’aide de son frère. Mais ils rencontrent des difficultés à finaliser leurs œuvres car il leur manque des pièces, notamment les pièces métalliques. Néanmoins, en 2017, il termine totalement sa première caisse claire qu’il vend suite à une commande.
Durant 2 ans, Daniel fait une immersion en forêt parmi les « scieurs de longs » comme on appelle les hommes qui coupent les troncs d’arbres, et apprend à leurs côtés les secrets du bois et des essences locales : les méthodes de coupe, la densité des différentes essences….
Il s’intéresse aux arbres fruitiers et se renseigne auprès de physiciens de Fouillole et de Londres concernant les études sur la résonnance du KA. Daniel se prend de passion et se met à étudier et à apprendre l’acoustique, les vibrations, la résistance de chaque essence. Un véritable travail de fond où il compare même les bois locaux à ceux de la France hexagonale ou du Canada afin de peaufiner ses choix pour ses futurs instruments. Il a aussi eu l’occasion de scanner certains bois qui révèlent alors leur veinage, sorte de carte d’identité du bois.
Toutes ces connaissances cumulées l’emmène à intervenir, il y a 2 ans, aux côtés de Pierre-Edourad Décimus et de Martial Rancé, inventeur du strombophone, dans les collèges et lycées de l’île lors de conférences sur les fabricants d’instruments de musique.
De l’artisanat à l’excellence!
Jenda Custom Arts a vu le jour en novembre 2017 dans l’atelier de son père. Installé depuis 2 ans dans le bourg des Abymes, l’enseigne “JENDA” de Daniel Mathieu tire son nom du surnom donné à son fils de 8 ans, Jean-Daniel.
Il utilise pas moins de 23 essences de bois locaux allant du bois dur du Mahogany au bois tendre du Poirier. L’Acajou quant à lui offre un bois tendre mi-dense ; mais il y a aussi le Sipo, le Manguier, l’ Amandier, l’Abricotier péyi, le Raisinier bord de mer,….
Chaque type de bois émet sa propre fréquence et vibre de façon unique. Une échelle de fréquence a d’ailleurs été établie sur base de ces connaissances.
Aujourd’hui, Daniel Mathieu fabrique des guitares et des caisses de batterie sur commande et son talent n’est plus à prouver.
Il a su puiser entre le savoir de son père menuisier et son oreille musicale ; y mêler le savoir acquis sur la maîtrise du bois pour devenir concepteur en instruments de musique.
Il fabrique lui-même ses machines de travail, permettant de scier et poncer ses instruments. Pour assembler les pièces des caisses claires et les corps de guitare, Daniel utilise des méthodes ancestrales de colle naturelle.
Il réalise ses propres patrons, selon les désirs de la personne qui lui commande l’instrument. Il confectionne lui-même sa potion à base d’huiles et de colorants naturels (huile de coco, jus de grenade, jus de maracudja) avec laquelle il nourrit le bois. Il concocte aussi des bains de teinture à base de peaux de noix qu’il fait bouillir et qui colorent le bois selon les teintes désirées.
Daniel pousse l’excellence jusqu’à incruster de la nacre dans certains manches de guitare ou s’adjoindre les talents de peintres et graffeurs pour customiser certains instruments. Il tapisse aussi certaines parties des guitares électriques afin d’éviter les parasites et acouphènes ; c’est ce qu’on appelle le blindage.
Pour le vernis final, la tâche n’est pas moins scrupuleuse puisque certains vernis, trop lourd, peuvent « étouffer » le bois et influencer la courbe du son ; ici encore l’expertise est de mise pour donner à ses créations cet aspect chaud et brillant.
Afin d’être toujours à la pointe du savoir, Daniel se forme continuellement. Il sera bientôt à Cluny chez Pascal Cranga, Maître Luthier, spécialiste en instruments acoustiques.
Et dans ses projets à moyen terme, Daniel Mathieu rêve d’ouvrir un Centre d’Arts aux Métiers du Bois….projet à suivre!!
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